III ÉTUDE DES PATIENTS OPÉRÉS D'EMBLÉE

 

Nous avons recensé 28 patients dont l'évolution clinique après leur traumatisme, suggérant la présence d'un hématome épidural, imposait une décompression rapide incompatible avec la réalisation d'un CT-scan.

Les radiographies standard et même une trépanation peuvent être effectués au centre des urgences du CHUV. La réalisation de coupes tomographiques, cependant, impose un délai allant jusqu'à 30 à 45 minutes avant que le traitement puisse être instauré. Réciproquement, une trépanation inutile peut faire perdre un temps précieux si le diagnostic ne peut être donné que par le CT.

Le collectif est de 28 patients (14,4% des 195 patients opérés), qui ont subi soit une trépanation, soit une craniotomie exploratrice, pour suspicion d'hématome épidural aigu. Ils se répartissent de la manière suivante:

En raison de la situation d'urgence prévalant à l'arrivée des patients, certaines constatations cliniques sont incomplètes ou manquent de clarté; l'analyse des résultats en tiendra compte.

 

A. Fractures de la calotte crânienne

 

En général, pour tout traumatisé crânien ayant au moins une commotion cérébrale, on réalise les incidences classiques de face, de profil et le Towne, ainsi qu'un cliché de la colonne cervicale de profil. Dans les situations d'extrême urgence, on se limite au profil du crâne et de la colonne cervicale; de plus, faits dans des conditions difficiles, les clichés sont parfois de mauvaise qualité. C'est pourquoi, à deux reprises au moins, l'existence radiologique d'une fracture est douteuse, et son côté impossible à déterminer.

Total

28 patients

Fracture visible sur les radiographies

22 cas (78,6%)

Radiographies sans fracture visible

6 cas ( 21,4%)

fracture visible seulement au CT ou à l'intervention
aucune fracture objectivée
3 (10,7% du total)
3 (10,7% du total)

Localisation de la fracture et répartition des cas:

19 HE et 2 HSDA avec fracture homolatérale

21 (75,0%)

Hématome avec fracture controlat. (HSDA)

 2 ( 7,1%)

HE simple avec fracture bilatérale

 1 ( 3,6%)

Cas sans hématome avec fracture médiane

 1 ( 3,6%)

Cas sans fracture

 1 HSDA et 2 sans H

Un HE avait une fracture radiologique qui n'a pas été décelée lors de l'intervention.

 

B. Otorragie ou hématotympan

Total:

28 patients

Signe présent:

9 patients (32,1%)

Répartition:
8 HE (hématotympan toujours homolatéral)
1 cas sans hématome

 

C. Contusion ou plaie du cuir chevelu

Un patient ayant soit une plaie, soit une contusion, ou les deux du même côté du crâne, est compté comme une unité.

Total:

28 patients

Signe présent:

17 patients (60,7%)

9 patients avaient une contusion, 8 une plaie ouverte.


nombre

% du total

répartition

homolatérale

13

46,4%

11 HE, 2 HSDA

bilatérale

1

3,6%

1 HE

controlatérale

1

3,6%

1 HSDA

sans valeur indicatrice du côté

1

3,6

1 HE et 1 cas sans H.

 

D. Mydriase initiale

Sont pris en compte ici les patients chez qui on a constaté une pupille plus grande que l'autre, réactive ou non, ou une dilatation bilatérale peu ou pas réactive d'emblée.

Total: 28 patients
Signe présent: 28 (100%)

 

nombre

 

 

HE

HSDA

HE + HSDA en %

homolatérale

16

4

71,4

bilatérale

3

1

14,3

controlatérale

0

0

-
 

Chez 4 autres patients, la mydriase, bien que unilatérale au début, n'avait pas de valeur localisatrice: 1 HE bilatéral et trois cas sans hématome.

Cinq mydriases unilatérales sont devenues bilatérales avant l'intervention, dont 1 cas sans hématome.

 

E. Signes pyramidaux

Total:

28 patients

Signe présent:

20 patients (71,4%)


HE

HSDA

HE + HSDA en %

controlatéral

9

1

35,7

homolatéral

1

1

7,1

bilatéraux

3

1(avec HE controlat.)

14,3

absents

6

2

28,6

Les quatre derniers patients ont tous eu des signes pyramidaux unilatéraux au début; l'un présentait un HE bilatéral, les trois autres n'avaient pas d'hématome.

 

F. Chronologie des signes et intervalle conscient

 

a) Perte de connaissance lors du traumatisme:


PC
pas de PC
pas de notion claire de PC

HE

11
3
6

HSDA

2
1
2

sans H

3
-
-

Total:

16 (57,1%)
4 (14,3%)
8 (28,6%)

 

b) Chronologie des signes


< lh.
< 2h.
< 3h.
< 4h.
> 4h.

Intervalle conscient:

HE

4
3
5
1
4

HSDA

2
1 (*)
0
0
0

sans H

1
0
0
0
0

Apparition de signes de péjoration après l'entrée au CHUV:

HE

1
3
2
3
3

HSDA

2
0
0
0
0

sans H

0
0
1
0
0
(*)=cas avec HSDA et HE controlatéral

 

c) Séquences d'apparition des troubles de l'état de conscience:

1) PC -> conscient -> PC-> op.

8 HE
1 Sans hématome

2) Pas de PC initiale connue -> PC-> op.

8 HE
2 HSDA
1 HSDA avec HE controlatéral

3) PC sans chansement->op.

3 HE
2 HSDA
2 sans hématome

4) Pas de PC initiale connue -> PC -> conscient -> op.

1 HE

 

G. Contusions cérébrales associées (visibles au CT post-op. ou lors de l'intervention)

 

Présentes chez 15 patients (53,6%)


homolatérales
controlatérales
bilatérales

HE

6
2
2

HSDA

2
0
1

Parmi les cas sans hématome intracrânien, deux avaient des contusions cérébrales, dont un est décédé.

 

H. Mortalité et séquelles

 

a) Décès:

 

b) Séquelles neurologiques périphériques (3 HE):

 

c) Séquelles neurologiques centrales: 8 patients (28,6%)

 

I. CT-scan cérébral

 

Chez 8 patients, il n'a pas été fait de scan de contrôle:

 

J. Interventions pratiquées

 

a) Trépanation exploratrice seule (14,3% des cas):

1 HSDA (décédé le jour suivant)

3 cas sans hématome

 

b) Trépanation exploratrice suivie d'une craniotomie (46,4%):

11 HE (52% des HE)

2 HSDA

 

c) Craniotomie d'emblée (14,3%):

4 HE (24% des HE)

 

d) Les 7 derniers cas (23,0%) sont décrits en détail, car l'histoire de leur traitement neurochirurgical est plus complexe.

 

 

Commentaires de l'étude des cas opérés sans CT-scan

 

Seuls les signes se présentant suffisamment souvent chez les traumatisés crâniens graves peuvent être utilisés pour décider une intervention immédiate. Trois signes peuvent remplir cette condition:

 

Si la décision d'opérer sur-le-champ se basait uniquement sur ces trois signes, on pourrait répartir les 28 patients en trois groupes:

(a) critère absolu d'indication opératoire immédiate: présence d'une fracture et d'une mydriase (unilatérale) du même côté, associées à la notion d'un intervalle lucide (29).

(b) critère relatif: fracture et mydriase homolatérales sans notion d'intervalle lucide.

(c) critère discutable: mydriase avec notion d'intervalle lucide, sans fracture homolatérale.

 

Le point commun est l'existence d'une mydriase. Annonçant une compression du tronc cérébral, la présence de ce signe impose une décision rapide.

 

Dans notre collectif, ces trois critères se distribuent comme suit:


HE
HSDA
Sans H.
Total

crit.(a)

13
1
0
14 (50% des 28 cas)

crit.(b)

4
1
0
5 (17,9%)

crit.(c)

3
1+1 avec HE
1
6 (21,4%)

(c) sans interv.lucide

0
1
2
3 (10,7%)

Tous les HE (sauf celui qui était associé au HSDA) avaient au moins une mydriase et une fracture homolatérales. 62% des HE ont été opérés sur la base de critères absolus.

Les trois cas qui n' étaient pas porteurs d'un hématome intracrânien avaient en commun la mydriase, unilatérale au moins au début. Le premier patient se présentait avec un intervalle conscient et une fracture frontale médiane, la mydriase n'étant apparue que secondairement. Les deux autres n'avaient pas de fracture visible, pas d'intervalle conscient et étaient de surcroît les seuls du collectif chez qui la mydriase avait été constatée dès l'admission, sans notion d'isocorie initiale.

 

 
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